16 septembre 2013
On raconte que des nuits fraîches accélèrent le brame. De la pluie aussi. Cette année, aucun des deux ! Est-ce pour ça que ça traîne ?
Des cerfs sont en place un peu partout, mais rien ne bouge. Entre photographes et naturalistes on s’appelle, on s’interroge. Les plus anciens fouillent leur mémoire pour voir si on a déjà connu ça, Et non ! Ce brame s’annonce vraiment unique, et bizarre …
Il le sera !
Les groupes de biches se forment, et les jeunes mâles sont éjectés.
19 septembre 2013
Enfin, un raire ! Ce cri rauque et sauvage, venu du fond des âges, je l'attendais depuis un an !
Et je ne l'entendrai plus pendant une grosse semaine ! Il y a bien des cerfs, mais aucun ne brame. Ils circulent comme s'ils cherchaient les biches. Or elles sont là, mais visiblement leur pic d'hormones est encore loin de se faire sentir et la plupart évite même les cerfs.
L’hiver très froid qui n’en finissait pas de finir. Le printemps froid et humide, qui a traîné l’hiver comme un boulet tout au long de ses semaines. L’été qui ne voulait pas admettre qu’il n’avait pas pu faire beaucoup mieux que le printemps. Toute la nature a vécu au ralenti pendant des mois. Et quand les conditions ont été enfin moins mauvaises, même foncer « volle pétrole » n’a pas permis de rattraper tout le retard ni de donner une année normale ! En cette fin septembre tout est encore décalé de 2-3 semaines. La végétation, les fruits, toute l’alimentation naturelle des cervidés et qui leur permet de se refaire une santé après l’hiver et de se préparer pour la folie du brame et pour l’hiver, tout est arrivé plus tard. Trop tard ?
Est-ce que cela aurait pu dérégler l’horloge hormonale de certaines biches ? On raconte que comme il faisait trop froid et que la nourriture naturelle n’était pas assez abondante des biches se sont « retenues » pour mettre bas une semaine plus tard ! Ce retard accumulé pendant toute la période d’allaitement chez certaines biches aurait-il provoqué un brame en dents de scie ? Certaines vivant encore en trio (mère, jeune de l’année passée et faon de l’année) et fuyant les cerfs, alors que d’autres s’étaient déjà enhardées et avaient chassé les jeunes mâles, se montrant tout à fait réceptives pour les gros malabars qui roulaient des mécaniques un peu partout. Comme elles n’avaient pas assez mangé, est-ce que la période d’ovulation n’en a pas été retardée en attendant qu’elles aient accumulé assez de réserves d’énergie pour créer la vie ?
D’autres ont parlé de dérangement. Le brame attirant de plus en plus de curieux, pas toujours assez informés des conséquences de leurs actes. Le cerf n’est pas super sensible au dérangement pendant le brame, mais juste avant la montée des hormones c’est sans doute plus délicat. Un défilement de promeneurs un peu trop intrusifs aurait pu faire décamper les mâles plus expérimentés loin de la zone où se trouvent les biches pendant plusieurs jours, et ainsi rater le train ! Ou bien faire partir les biches des zones habituelles et se morceler en plus petits groupes, donnant l’occasion à plus de cerfs de s’approprier une harde et diminuant ainsi la compétition. Si c’est cela, ce n’est pas forcément négatif, car un plus grand brassage des gènes n’est jamais mauvais pour une population vivant sur des territoires trop délimités. L’analyse ADN des fœtus prélevés dans les biches tirées pourra nous en dire plus. Wait and see …
À propos de dérangement … Je ne parviens toujours pas à comprendre le choix des dates d’ouverture de la chasse. En plein pendant le brame ! On dit que le cerf n’est pas super sensible au dérangement, mais quand même je ne parviens pas à croire que tout le tintamarre occasionné par la chasse n’a pas d’influence négative sur la période de reproduction … Est-ce que je suis particulièrement bouché ? Je ne crois pas, et j'aimerais qu’on m’explique encore une Énième fois la raison de ces dates !
Et puis que penser du mode de chasse utilisé dans certaines régions ? Et je dis bien certaines ! La majorité des conseils
cynégétique chasse de manière assez consciencieuse et respectueuse, mais un petit nombre noircit l'ensemble du tableau.
À l’origine le prélèvement naturel par les prédateurs (ours, loup, lynx) se faisait pendant toute l’année, était limité à quelques individus, souvent les plus faibles, malades, vieux trop lents, jeunes inexpérimentés. Les prédateurs mangeaient autant de mâles que de femelles, et donc maintenaient une population en équilibre.
Depuis que les prédateurs naturels de la grande faune ont été éliminés dans notre Europe densément peuplée et industrialisée, les populations de grands mammifères ont pu croître et prospérer déraisonnablement. Pour remédier à ce déséquilibre qu’il avait lui-même créé, l’homme, si raisonnable, s’est senti obligé de remplacer la nature. Plusieurs choix d’intervention s’offraient à lui, dont les principaux étaient :
1) remplacer stricto sensu les prédateurs et utiliser le même type de régulation des populations, sans vouloir trouver un autre équilibre que celui que la nature aurait trouvé
2) jouer un rôle de régulation dicté par les impératifs humains (rentabilité économique, disponibilité réduite en temps, extension de l’habitat, volonté d’en tirer du plaisir) et par la vision anthropomorphique de la question.
3) ne rien faire …
Je vous le donne en mille, c’est la gestion « humanisée » qui a été choisie. Mais elle est inadaptée selon moi parce que :
- - elle est très limitée dans le temps, et pendant la période délicate du brame et les mois les plus difficiles pour la survie des animaux
-
- elle ne tient aucun compte de la santé des animaux pour organiser le prélèvement
- - elle est centrée principalement sur les mâles, de préférence pas trop vieux et bien boisés, sans tenir compte d'un équilibre entre les sexes ou l'âge. .
Les conséquences ? Les mâles trop jeunes ont plus facilement accès à la reproduction mais ne transmettent pas encore un patrimoine génétique intéressant pour l’espèce. De l’autre côté, il n’y a plus de vieux briscards pour enseigner le savoir aux jeunes, ou pour gérer efficacement la reproduction et donc la pérennité de l’espèce. De plus la population croît de manière exponentielle car il y a plus de biches que de cerfs et elle sont toutes fécondées. Bien sûr le milieu ne parvient pas à absorber une telle population, alors on doit suppléer artificiellement à la nourriture insuffisante. Cela concentre les populations autour de ces zones où l’on nourrit. Les effets pervers sont que le milieu est encore plus dégradé et les structures sociales chamboulées par cette surpopulation très localisée.
Pour comprendre ce que ça implique essayez de vous représenter une société humaine où on élimine chaque année la moitié des hommes de plus de 20 ans en commençant par les plus beaux, où aucun homme ne puisse dépasser l’âge de 45 ans et où pour chaque homme ou jeune homme vivant il y ait au minimum 5 femmes qui ont toutes un bébé chaque année depuis l’âge de 12 ou 15 ans. Bien sûr comme les campagnes sont incapables de nourrir tout ce monde les villes sont surpeuplées et on distribue de la nourriture industrielle à tour de bras.
Bien sûr je schématise car ce n’est pas transposable. Mais quand même, vous imaginez les conséquences de cela sur l’évolution de notre civilisation à long terme … ? Désordres sociaux, catastrophes sanitaires, éducation inexistante, et tout ça de plus en plus vite et de plus en plus fort ... Effrayant non ? Et c’est ce genre de gestion « éclairée » qu’on impose à notre nature !
Ne vous méprenez pas, à travers ce billet je n’attaque pas la chasse ! J’essaye seulement de vous montrer comment ça se passe là où quelques chasseurs utilisent ces méthodes inappropriées. Heureusement la majorité des conseils cynégétiques joue totalement ou quasi totalement le jeu, et c’est bien !
Mais la chasse n’est pas non plus le seul moyen de régulation, il en existe d’autres et ils devraient être tous pris en compte pour aborder la gestion de la Nature dans sa globalité, en tentant d’imaginer tous ses aspects.
Ne serait-il donc pas plus sage de prendre un peu de recul et de se demander comment faire autrement ? Bien sûr la solution idéale n’existe pas, ou plutôt n’existe plus, mais il doit y avoir d’autres moyens, plus proches de ce que la nature ferait si on l’avait laissé faire. Bien sûr il n’est plus possible de faire marche arrière et on ne retrouvera jamais naturellement une situation d’équilibre. Bien sûr l’homme doit gérer cet équilibre , puisque la nature n’y arrive plus avec la pression insensée qu’on lui impose. Bien sûr on doit prendre en compte certains impératifs de notre mode de vie, le bien-être humain doit être préservé, mais il doit être accordé à tous les humains, présents et surtout à venir ! Et le fait de disposer d’une Nature qui lui donne suffisamment de ressources alimentaires, économiques, culturelles, spirituelles et sociales fait partie de ce bien-être ! En tant qu’êtres doués de sens et de capacité de compassion nous avons le devoir moral de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour laisser à nos enfants, comme l'a dit Lord Baden Powell, un monde un peu meilleur que nous ne l’avons reçu.
10 octobre 2013
Plus rien ne bouge dans la forêt. La poudre a parlé, les trompes et les chiens ont vidé les taillis.
Seule une chevrette a osé revenir. Elle me fixe pendant plus de 20 minutes sans bouger, pas certaine du tout que ce bipède-là ne lui vaut pas de mal.
Les photographes ne sont plus bienvenus en forêt, je cède la place.
C'était prévu et cela fait partie de l'ordre des choses actuelles, mais je ne peux m'empêcher d'avoir le cœur serré à l'idée de
la terreur et de la furie qui va envahir pendant de longues semaines cette forêt que j'ai connue si paisible.
PS : Je remercie "mon chasseur" qui me laisse aller et venir sur ses terres avec une relative liberté et également le garde qui me prodigue de nombreux conseils et participe activement au fichage
des boisés du domaine.
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